Voici comment reconnaître les différents modes de communication...
L'échelle de l'agression et le comparatif humain
On
connaît bien l’image de l’échelle d’agression canine réalisée par Kendal Shepherd, vétérinaire et comportementaliste, qui montre la gradation des comportements d’agression du chien, dans l’ordre
croissant de la menace.
On
sait moins que Frania Shelley-Grielen (comportementaliste animalière et éducateur canin américaine) a mis en parallèle les réactions des chiens et des humains en face d’une situation
inquiétante.
Il y apparaît notamment que les stratégies de communication mises en œuvre sont très différentes, voire parfois opposées pour les deux espèces. Par exemple, tourner carrément le dos, pour un humain, est une façon d’ignorer l’autre, donc un message plutôt négatif, alors que pour le chien c’est une offre de paix.
Nous
bâillons lorsque nous nous ennuyons ou lorsque nous commençons à nous détendre, mais quand le chien baille, c’est au contraire un signe de malaise, voire de stress. C’est une des explications des
difficultés de compréhension entre nos chiens et nous.
L’observation de
ce comparatif nous permet également de constater que nos réactions et celles de nos compagnons à quatre pattes, dans des circonstances équivalentes, sont finalement assez similaires, même si
elles ne se matérialisent pas de la même façon.
Cela
nous permet peut-être de mieux comprendre ce qu’ils peuvent ressentir.
L’échelle de
l’agression canine répertorie donc les moyens qu’a le chien de communiquer un inconfort face à une situation, une interaction ou un environnement particulier. Plus on monte dans l’échelle, plus
le stress est fort, plus le risque d’agression est grand.
Il est
à noter que les signaux du bas de l’échelle ne sont pas forcément liés à une agression : le chien peut, tout simplement, chercher à décharger une tension, à s’apaiser lui-même, ou il exprime
juste qu’il est mal à l’aise et qu’il souhaite s’extraire d’une situation. Il informe de son état émotionnel, de ses intentions pacifiques, de son souhait d’éviter le conflit. C’est une attitude
héritée de ses ancêtres : quand on vit libre et en groupe, la meilleure stratégie de survie est d’y conserver la paix et d’éviter la bagarre, pour faire l’économie de potentielles blessures, ou
pire.
Ignorer
l’inconfort ou le stress exprimé dans ces comportements, obliger le chien à affronter ce qui le perturbe, l’empêcher de s’en éloigner, ou pire encore, le réprimander (quand il montre les dents ou
grogne, par exemple) va complètement à l’encontre de ce qu’il est en train d’exprimer : une tentative de conciliation et une demande d’éloignement.
Quand on ignore ou qu’on réprimande systématiquement les signaux d’apaisement de son chien, on l’incite à ne plus les utiliser (ils s’avèrent au moins inopérants, au pire dangereux, puisqu’ils sont punis) donc à cesser de prévenir. Il n’aura alors plus d’autre choix que de passer directement à l’agression : en désespoir de cause, c’est son dernier recours. Or les comportements les plus agressifs se renforcent d’eux-mêmes, parce qu’ils sont forcément efficaces : celui qui est en face prend peur et s’éloigne, le chien obtient la réponse comportementale attendue. Il y a donc un fort risque qu’ils se répètent.
C’est l’une des raisons pour lesquelles il ne faut jamais empêcher un chien de grogner : le grognement est un avertissement de forte intensité, au 9ème échelon sur 11, qui
signifie « Je suis à bout ! Fais attention ! ». S’il est compris et respecté, il empêche les étapes suivantes, claquement des dents, puis morsure, de se produire. S’il est ignoré ou inhibé, c’est
la morsure quasiment assurée.
S’il
est important de déceler quand un chien est mal à l’aise dans une situation, pour pouvoir l’aider à la surmonter, il faut cependant raison garder et ne pas s’alarmer pour rien. Notre poilu peut
aussi présenter un comportement tout à fait anodin : bâiller lorsqu’il a sommeil ou qu’il se réveille, se lécher les babines parce qu’il a senti une odeur alléchante, ou se mettre sur le dos pour
recevoir des caresses !
C’est
l’état général de tension de son corps qui nous permet de reconnaître s’il s’agit réellement de signaux exprimant un mal-être.
Dans
la réalité, en situation, ces signaux se succèdent assez vite et sont parfois très fugaces. C’est en les observant au quotidien qu’on apprend à les « lire ». Idéalement, dès l’instant qu’on
observe un bâillement, une tête qui se tourne pour regarder ailleurs, des yeux qui laissent apparaître leur blanc, c’est qu’il y a, dans la situation présente, quelque chose qui perturbe le
chien. Le mieux est de l’en extraire rapidement. Ainsi, il apprendra que les signaux les plus faibles, situés en bas de l’échelle, sont déjà efficaces. Il n’aura pas l’occasion de mettre en œuvre
les signaux les plus agressifs, qui ne seront donc pas renforcés.
Source
: “The Canine Ladder of Agression” https://animalbehaviorist.us/CanineLadderAggression.html , de Frania Shelley-Grielen, comportementaliste animalière et éducateur canin américaine.
Tips lecture :
"Les Signaux d'apaisement" de Turid Rugaas.
Un petit guide vraiment complet pour comprendre et communiquer avec son chien à travers son langage corporel.
Une jolie révélation !